On parle de l'atelier de reliure dans l'Echo du 62

a2r dans l'echo du 62

Atelier de reliure et de restauration

S’il reste un domaine épargné par le chômage, c’est peut-être bien celui de la restauration et la reliure.
L’entreprise A2R, créée par Ali Ziane à Arras, cherche employés désespérément. Faute de trouver les petits doigts agiles dans le département, il lui a fallu élargir le recrutement à la France entière. Trois jeunes issus des écoles de Lyon, Lisieux et Paris sont donc arrivés dans le Pas-de-Calais.
Dans un atelier flambant neuf, ils exercent leur talent minutieux, méthodique et patient, et attendent en croisant les doigts que d’autres mains délicates se joignent aux leurs. Le carnet de commandes déborde


Anne, David, Nadège manipulent avec douceur et prestesse les documents. L’une, restauratrice et conservatrice d’œuvres d’art, dépoussière au pinceau et à la gomme ; les autres rassemblent les cahiers et collent le tissu de reliure. Silence. Autour des professionnels, s’étalent les documents. De grands dessins de vitraux du XVIIe, une collection de dictionnaires contemporains, une foultitude de bulletins officiels, un obituaire fin XVe, un registre du recensement de la population de Roubaix de 1920 à 1940. « C’est une sacrée responsabilité ! » pose Anne. Certaines pièces sont impressionnantes. « Il ne faut pas avoir peur de les toucher ! » poursuit la jeune fille. Un jour, j’ai eu une boîte en carton à restaurer. C’était une petite maison construite par Victor Hugo… « Certaines pièces sont si fragiles que « si on frappe dessus, elles tombent en poussière ». D’autres ont connu le feu, l’eau, les champignons. Chaque document a un protocole particulier. « Quand il le faut, nous le portons à désinfecter dans une annexe de la BNF (Bibliothèque nationale de France) puis nous le consolidons. » Les techniciens comblent les trous en réalisant « des greffes » avec du papier japonais aux fibres longues. « À chaque fois, le cahier des charges des Archives nationales de France est respecté scrupuleusement. Ainsi, aucun travail réalisé à l’atelier n’est irréversible. David marche dans les pas de sa grand-mère relieuse et pratique le métier depuis 5 ans. Nadège a choisi cette formation d’une année, juste après le bac. Tous apprécient ce travail en petite structure : « Au moins, on prend un document du début à la fin ! ». A2R va en effet chercher le document chez son propriétaire, le restaure, le relie s’il le faut, lui fabrique éventuellement une boîte de conservation sur mesure, le microfilme, le numérise avant de le rapporter au client. Photographier et informatiser, voilà qui est du domaine d’Ali Ziane qui était jusqu’alors opérateur photo. « Désormais je propose une solution complète ! » sourit l’homme. Une solution sur laquelle ont sauté des administrations de toute la France, quelques particuliers et la BNF qui a promis de venir référencer la structure. Le succès est total et l’équipe se voit confier des documents désormais très précieux : un parchemin de 13 m de 1499 a sûrement été le plus beau…



Marie-Pierre Griffon - L'Echo du Pas-de-Calais n°98 - Janvier/Février 2009

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